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Tout le monde à Limoges connaît, aujourd’hui encore, le dicton attribué aux habitants des Ponts :

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Témoins

Tu saï daus Ponts ? Passó !

De ló villó ? Dins l’aïgó !

(variante : Si tu sei d'au pount passo , si tu n'in sei pas, a l'aigo)

Textes et documents

Tu ses daus Ponts ? Passa !

De la vila ? Dins l’aiga !

(Si tu ses daus Ponts passa

si tu ne'n ses pas, a l'aiga)

Images
bibliographie

graphie normalisée

Vous habitez les Ponts, connaissez des témoins ponticauds, occitanophones, parlant l’une des langues de l’immigration, ou seulement francophone, vous possédez de la documentation (photos, images, chansons, manuscrits, etc.) : nous avons besoin de vous !  

 

Ce site a pour vocation la présentation d’un travail de collectage et de documentation en cours sur la mémoire du quartier des Ponts à Limoges à travers la question de ses langues.

La définition de l’étendue exacte du quartier des Ponts à Limoges est source de discussions et de controverses infinies, qui intéressent directement notre sujet, car l’accent, au moins pour une longue période, peut servir de critère de délimitation. Pour notre part nous lui accordons la plus grand amplitude possible, en parlant sur l’autorité de Suzanne Dumas : « … ensemble prolétaire qu’on désignait dédaigneusement par le terme général « les Ponts » : Pont Saint-Etienne, Pont Saint-Martial, Pont Neuf et Petits Ponts (l’Auzette en effet, passe sous la route de Toulouse grâce à deux ponts, peu visibles de la chaussée, d’où leur nom).  (…) croyez-moi, les nantis ne logeaient point dans le secteur ». Suzanne Dumas, La Ponticaude à l’Ecole, p. 184-185.

Nous nous intéressons d’abord ici à la mémoire, trop souvent refoulée dans la littérature et les travaux d’histoire moderne et contemporaine, de la présence intense de l’occitan (dialecte limousin) dans le quartier des Ponts et dans l’ensemble de l’espace urbain de Limoges, jusqu’à une époque dont les anciens se souviennent encore fort bien. Ecoutons-les, : ils ont beaucoup à nous apprendre sur notre ville et ce passé proche, à portée de leur mémoire vive, car à travers la question de la langue, et bien sûr de l’accent, c’est toute la vie du quartier qui est impliquée, toute la vie sociale et culturelle d’un quartier bien particulier, à la fois distinct de la « ville » et de la campagne, riche d’une culture ouvrière et de ses racines paysannes, avec ses solidarités et ses tensions (il y a « pont et pont », une rive et l’autre, Clos Sainte-Marie et Puits-Lanaud, etc…), étroitement associé aux luttes qui ont fait de Limoges la « ville rouge » que l’on sait, marqué par la présence de l’Université des Ponts, caractérisé aussi par des métiers aujourd’hui disparu (naveteaux, blanchisseuses), des activités liée à la Vienne (flottage, blanchisserie, pêche, extraction du sable, sports aquatiques) et des fêtes mémorables (Carnaval, Saint Jean...) Nous recueillons la parole des anciens habitants du quartier, mais aussi de la « ville » et de Panazol tout proche, dans le souci de mesurer en quoi il a pu exister (et existe encore ?) quelque chose comme une identité ponticaude, et comment il est possible de l’approcher du dehors aussi bien que du dedans.

Cette enquête sur la mémoire de l’occitan limousin [1] et, tout aussi bien, du français des Ponts, n’est que le premier volet, d’un projet plus ambitieux – qui n’en est encore qu’au stade de la prospection –  sur la présence, dans le même quartier (en "remontant" jusqu'au Sablard, par où le quartier s'est étendu), d’autres langues et d’autres cultures, elles aussi trop souvent passées sous silence ou minorées : portugais, turc, berbère, etc.

Le travail, conduit sous la responsabilité de Jean-Pierre Cavaillé, Baptiste Chrétien et Jean-Cristophe Dourdet, est effectué dans le cadre des activités de l’association Calandreta Lemosina, qui a créé et gère l’école bilingue (français/occitan), laïque et gratuite, installée précisément, depuis 2003, 19 route de Toulouse, et en partenariat avec l’association Varlin Pont-Neuf, l'Institut d'Etudes Occitanes du Limousin et l’association Mémoire Ouvrière en Limousin.

Réalisation graphique Evelyne Dourel.

 

[1] Nous évitons le mot patois, pourtant d'usage courant. Il s'agit en effet, comme le dit Yves Lavalade d'un « terme chargé de mépris si l’on s’en tient à la définition du dictionnaire, un jargon de ruraux arriérés. Sur le plan linguistique, tout parler local qui permet de communiquer est considérer comme une langue »,  (Queu mot de "patois" que beucòp de Lemosins empluien per parlar de la linga dau pais. Pertant vaudria mielhs l'eschivar perque es charjat de mespretz e significa en francés un chaitiu parlar de toirauds arreirats. Linguisticament qu'exista pas : tot biais de parlar que permet de platussar qu'es 'na linga), La lettre du Limousin, n° 68, août 2006, p. 5 .

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