Martial
Desmoulins
les
souvenirs et les réflexions d’un ponticaud militant anarchiste
Nous remercions
tout spécialement Gilbert Roth des archives du
Centre International de Recherches sur l'Anarchisme de Marseille, sans
lequel cette page n’aurait pu être réalisée.
Présentation
de Martial Desmoulins :
Martial
Desmoulins naît le 12 mai 1890 au
pont Saint-Martial (5 rue de
la Roche
) et le choix de son prénom ne semble donc nullement fortuit. Il fréquente
l’école religieuse Sainte-Marie des Jacobins et l’école du pont
Saint-Martial. Après son certificat d’études, il devient, à 13 ans
apprenti coupeur dans une petite usine de chaussure. Après une période
d’un an d’inactivité il entre dans une grosse fabrique de
porcelaine et commence à fréquenter le groupe libertaire de Limoges,
distribuant l’un de ses premiers tracts intitulé « Les ouvriers
n’ont pas de patrie ».
La Direction
de l’usine le met en demeure de cesser ses activités : il quitte
l’usine et trouve du travail en 1906 dans la chaussure, chez
Sylvestre-Vincent, et adhère au Syndicat des Cuirs et Peaux dont il
devient un militant assidu. Il fait son service militaire entre 1911 et
1913 (le service était de 26 mois) et trouve un emploi dans une
fabrique de tiges, puis un autre à l’usine de chaussures Fougeras, la
même année. Élu trésorier de son syndicat. Vient la guerre :
après trois ans en première ligne il déserte au cours d’une permission fin
1916, se réfugiant à Marseille puis en Espagne, où il retrouve
d’autres déserteurs et insoumis. Il regagne cependant la France sous une fausse
identité en 1921, mais il est arrêté et incarcéré en 1923 à la prison militaire du fort
Saint-Nicolas; puis libéré et amnistié en 1926. Il revient
alors à Limoges, après 10 ans d’exil, mais retourne vite à Marseille
(1927).
Il s’ensuit une vie de militantisme anarcho-syndicaliste associée à
une activité de V.R.P. dans la chaussure. Retraité, il se consacre au
Syndicat des Vieux Travailleurs affilié à
la C.G.T
-F.O
En 1975, il a
signé plusieurs articles dans la revue de
la CNT
française (CNTF) publiée à Toulouse, Espoir,
dans lesquels, entre autres choses, il se remémore sa jeunesse
ponticaude.
Il intervient
d’abord les 9 mars et 16 mars 1975 avec un article consacré à
l’adaptation télévisée du célébrissime roman d'Emmanuel Clancier, le
Pain noir. Il se trouve en effet, que selon l’auteur lui-même (
La Vie
Quotidienne
en Limousin au XIXe siècle)
Martial Desmoulins fut l’ami du personnage réel qui servit de
modèle au Francenet du roman.
Télévision :
le Pain Noir
« … nous
aurions aimé revoir notre vieux pont Saint-Martial et les ouvriers qui,
après leur journée de travail, venaient y prendre le frais, en
discutant des événements politiques tout en se moquant de ceux
rentrant chez eux. A cette époque, de 1900 à 1914, l’ouvriérisme
s’impose, le syndicaliste parfait ne porte pas de faux-col, un foulard
blanc autour du cou (en 1917, j’ai trouvé cette mode chez les
ouvriers catalans). L’on se moque de l’individu s’il est trop bien
fringué. On lui donne du « Adi
Mélou »,
l’on doit répondre « Adi
énoussin »,
sinon l’on passe pour un orgueilleux. Les réponses sont accueillies
par des rigolades. L’on a fait des Ponticauds des violents, des méchants,
ce qui était faux.
La Vienne
, à nous les jeunes, était notre domaine ; à partir du 5 à 6
ans, le petit Ponticaud y passait une partie de ses jeudis et dimanches
à la bonne saison, nous nagions tous comme des poissons. Quelques
anciens n’ayant jamais voulu aller en usine se défendaient par la pêche
et le ramassage du sable.
*
**
Serge
Moati a oublié les lavandières qui, d’une rive à l’autre,
s’interpellaient en notre dialecte : « Adi Maria »,
« Adi Mimi », « Coumo vas-tu ? ». Un métier
pénible que faisaient ces Ponticaudes, à une époque où tout se
faisait à la main : laver le linge à la rivière, par tous les
temps, à genoux dans un baquet de bois (bachou), dix à douze heures
par jour suivant les saisons, le séchage des lessives, le repassage, la
livraison des clientes, des pimbêches qui souvent rechignaient devant
la note à payer. Je connais bien tout ça car ma mère était aussi une
blanchisseuse, qui malgré sa fatigue m’accueillait toujours
gentiment, avec tendresse, lorsque je revenais du travail.
Espoir, 16 mars 1975
Le Pont Saint-Martial vers 1900.
Col. Andrée Desjariges
Le 25 mai et le
1er juin de la même année, dans la même publication,
Martial Desmoulins, revient sur le quartier avec un nouvel article :
« Le Limousin et la vie ouvrière au XIXe
et au XXe siècles »
Le petit papier que j’ai pondu à propos du film Le Pain noir que Serge Moati a tiré du roman en quatre volumes de
Georges Clancier, m’a valu quelques lettres ; je ne croyais pas
que l’hebdomadaire syndicaliste Espoir soit aussi lu dans la région
niçoise et cannoise.
Ces camarades me posent des questions parfois embarrassantes me demandant la
signification de mots, l’étymologie de noms usités en langue
limousine, pensant sans doute que je suis un savant de la langue
occitane. Non, je ne suis pas un félibre, et si parfois j’ose écrire
en limousin, je le fais au « pifomètre », me souvenant
comment je le parlais avec mes grands-parents, mes parents, mes amis
d’enfance. Je suis tout simplement amoureux du passé, du pays, de la
ville, du quartier où je suis né, et si dans ce compte rendu assez
bref j’ai parlé du monde ouvrier et paysan, c’est parce que mon
quartier, le Pont-Saint-Martial, fut pendant longtemps un agglomérat de
deux races bien distinctes : l’une, ouvrière avec ses défauts, sa
mauvaise réputation, son ouvriérisme révolutionnaire, son humanisme
libertaire, ses revendications économiques et sociales ; l'autre
paysanne, vivant comme au Moyen-Age, avec des qualités d'économie, de
travail, de lenteur à comprendre, sa haine des partageux, des
communards, sa croyance religieuse, ses résignations devant les nantis,
les curés, les patrons, la police, la peur du lendemain.
Exode
des paysans vers les villes
Chaque année, à
la Toussaint
, les « Ponticauds » du quartier Saint-Martial, nom que les
gens de la ville donnaient aux habitants des faubourgs des bords de
la Vienne
(qui prend sa source au plateau de Mille-Vaches et se jette dans
la Loire
), voyaient descendre par la rue de
la Roche
une caravane de charrettes tirées par des vaches, elles faisaient halte
devant le n° 5 où je suis né, à trente mètres du vieux pont romain
; dans ces charrettes, peu de meubles, une commode datant de Louis XIII,
héritage que des générations de paysans se repassaient, un lit, des
paillasses, quelques chaises, des fagots de bois et sans doute, une
provision de porc salé.
Les
nouveaux venus avaient loué une ou deux chambres dans le quartier qui
souvent abriteront sept à neuf personnes, les parents, les enfants et
la vieille grand-mère. Du troisième étage il fallait aller chercher
l’eau à la fontaine publique, aussi on l’économise, pas question
de prendre une douche chaque matin. En 1908, les mutuellistes
feront construire des bains-douches tout à côté de la préfecture, 20
centimes la douche, savon et serviette ; le samedi, les gens font
la queue de 19 à 21 heures. C’était un copain libertaire qui donnait
les cabines, il y en avait une trentaine, l’on ne pouvait y rester que
vingt minutes. Les municipalités réactionnaires, radicales et sociales
n’avaient rien fait pour l’hygiène ouvrière, pas même l’eau
courante dans les maisons.
« Los
retretes », je ne dis pas les toilettes, car les Ponticauds
auraient bien rigolé si l’on avait affublé leurs « chiottes »
du nom de toilettes, trois pour une cinquantaine de locataires ! Le
petit coin se trouvait dans le jardin et pour y aller il fallait faire
une centaine de mètre, passer devant des locataires qui
s’interpellaient en riant dans leur dialecte, et si je vous disais les
mots employés vous penseriez qu’alors nous étions des sauvages ;
c’était un langage peu académique mais qui allait droit au but, un
chat était un chat. A la maison, le bidet était inconnu. Ce ne sera
qu’en 1921 que mon parent, le propriétaire des immeubles, fera
installer l’eau courante et que les gens pourront faire leur toilette
chez eux.
A
la bonne saison, un nommé Ringué, qui avait des cabines du côté du
quai Saint-Martial, faisait paraître dans la presse ou par des affiches
l’avis suivant : « Allez vous baigner, l’eau est chaude. »
Ce que nous, les jeunes, faisions chaque jour.
[…]
Le
Pont Saint-Martial un jour de froid. col. particulière
Les
paysans arrivés dans les faubourgs trouveront de l’embauche dans les
fabriques de porcelaine et dans le bâtiment qui emploie des manœuvres
sans spécialité. Mon père était maçon, il nous racontait la gaucherie de ces braves gens qui n’avaient pas l’habitude
de monter, de marcher sur les toits des maisons de quatre ou cinq étages.
Mon père, brave homme et socialiste,
était obligé d’aller prendre lui-même les seaux de mortier quand il
réparait une cheminée ou une toiture.
Les
femmes, les jeunes filles devenaient des épousseteuses dans la
porcelaine. Elles urinaient de toutes les couleurs, empoisonnées par
une poudre répandue sur les assiettes. Généralement, elles mouraient
de 30 à 40 ans, les poumons brûlés. Le mari, pour se consoler,
devenait un habitué du bistrot. Il y retrouvait des copains,
l’ambiance du café plus agréable que celle du logement encombré de
gosses, garçons et filles, le pernod, l’absinthe, le pinard,
l’alcool, le tabac, la drogue du malheureux prolétaire en 1900. La
bourgeoisie, sous la IIIe
République
jacobine jusqu’en 1914, ne fit rien pour ces malheureux, tout au
contraire, elle les a enfoncés dans l’ignorance et l’alcoolisme
pour mieux les exploiter.
*
**
Au
bord de
la Vienne, des papeteries et des filatures, une majorité de femmes venues de la
campagne y sont employées. Elles touchent 2,30 à 3 francs maximum pour
douze heures de travail. L’inspecteur du travail y brille par son
absence, les patrons font ce qu’ils veulent, ils sont les maîtres. Le
grand-père maternel de ma future épouse, un Lorrain venu comme
directeur technique remettre en bonne marche une filature qui flanchait
était très dur avec le personnel. Il arrive à de bons résultats, une
bonne production, mais comme je lui conteste sa façon de faire envers
les ouvriers, il me traite de « Ravachol ». Ce vieux
bonhomme mort à 82 ans était un républicain et un patriote comme l’était
alors la majorité des Français du Nord et de l’Est. Le 14 juillet,
il tirait six coups de feu de son colt et criait « Vive
la République
! », et moi je criais « A bas la calotte, à bas la
guerre ! Vive la révolution sociale, vive l’Internationale ouvrière ! »
Le vieux jacobin me prédisait qu’avec mes idées, un jour je mourrais
sur l’échafaud. Peut-être, sait-on jamais avec les politicards,
tous des fascistes pour nous libertaires. Le vieux Guesde disait qu’au
lendemain d’une révolution il faudrait d’abord se débarrasser des
anarchistes.
Les
paysans sans terre venus à Limoges, croyant y vivre mieux, plus libres
qu’à la campagne, y mèneront une vie misérable. Alors qu’à la
campagne ils pouvaient faire venir des légumes, élever des volailles,
et surtout le gentil cochon […]
Au
quartier Saint-Martial, les épiciers faisaient « cròmps »,
crédit à la semaine et, bien entendu, majorant un peu la note ;
mais petit à petit, écoutant nos conseils, les ouvriers, les paysans
adhéreront à la coopérative ouvrière de l’Union de Limoges, qui
existe encore, en 1900. Chaque jour passait une voiture pour le pain,
que l’on payait avec des bons, et si le sociétaire était malade, en
chômage, on lui faisait 30 à 40 francs d’avance en marchandises.
Chaque six mois, répartition des bénéfices.
Georges
Clancier nous a montré le désarroi des paysans en venant vivre à la
ville, des ingénus débarquant sur une autre planète que la leur, une
vie qu’ils ne comprennent pas, fertile en bagarres, en coups de
gueule, en saouleries, en grèves. Espoir,
25 mai 1975.
la
voiture à pain de l'union vers 1900. col. J.-P. Della Giacomo
Hiérarchie
des salaires en 1900
Dans
les fabriques de porcelaine, il y avait, il y a encore de nos jours une
hiérarchie ouvrière dans les salaires. En haut, les aristocrates
ouvriers, les peintres, fileurs, fleuristes, gagnant à cette époque 8
à 10 francs par jour ; ce sont des gens ayant une bonne culture
sociale, adhérant aux partis socialistes qui n’avaient pas encore
fait l’unité, tous aussi un peu bohèmes. Un de mes amis d’école,
fin dessinateur, crée des modèles et il vend aux fabricants,
lorsqu’il a de l’argent devant lui il fait rentrer chez ses parents
un an d’alimentation et de vin, ensuite il se promène, va au théâtre,
fréquente les filles. Nous étions une douzaine de copains de son
acabit nous proclamant anarchistes, trouvant que la vie n’était pas
seulement faite pour bosser pour les patrons.
Mon
copain avait une belle voix et sa chanson favorite était :
Elle
était née dans un garlot,
C’était
la fille d’un anarcho.
Elle
était belle, belle comme le jour,
etc.
Les
nouveaux débarqués, les « bicanards », sont employés dans
les fours aux travaux les plus durs, les plus dangereux, comme ététeurs-manipulateurs,
ils se brûlent les mains, les moustaches, car les gazettes sont encore
rouges ; on les passe à de jeunes garçons de 13 à 15 ans qui les
emportent à des vieux qui sortent les assiettes des gazettes. Je
connais ce boulot car je m’étais embauché dans cette fabrique
Charles Haulart (4000 ouvriers)
pour y distribuer des tracts néo-malthusiens et anarchistes.
En 1906, cette usine de porcelaine a disparu, c’est une usine de
chaussures (Héraud) qui la remplaça […].
Dans
la chaussure, la vie est moins dure, moins tragique, tous sont des
ouvriers qualifiés, il y a du travail tout fait à la main, à côté
des machines. Les coupeurs, que l’on surnomme « messieurs les
coupeurs », sont les aristocrates de la corporation.
En 1905, ils étaient 1200 à 1500, tous syndiqués, des
socialistes, des anarchistes qui se bouffent un peu le nez.
Mais ce sont eux qui mènent la classe ouvrière dans les usines, dans
les syndicats, dans les mutuelles, caisses de secours. Par les coopératives
de production et de consommation ils veulent changer la société
capitaliste par une société socialiste, car à cette époque le
syndicaliste parfait était apolitique, mais
la Charte
d’Amiens et la guerre de 14-18 ont ruiné toutes leurs espérances. Espoir, 1er juin 1975.
Martial
terminait cet article par la note suivante : « Prochainement,
je vous parlerai de la langue limousine, que les jacobins de
la IIIe
République
essayèrent de faire disparaître, mais dans nos campagnes, comme dans
les faubourgs l’on y parle toujours cette vieille langue gallo-romaine ».
L’article paraîtra le 6 juillet 1975 de la même année. Nous en
publions des extraits car ses vues sur la langue, dans le contexte du
militantisme occitaniste des années 70, ne manquent pas d’intérêt.
En outre, Martial y évoque la présence du limousin lors des
manifestations du 1er mai au début du siècle.
L’influence
de la langue limousine en Occitanie
L’occitanie,
c’est le Limousin, l’Auvergne, le Dauphiné, le Languedoc,
la Guyenne,
la Provence,
la Catalogne
« hasta Valencia ». En son temps, notre camarade Carbo avait
fait paraître un article sur la langue « lemosina » dans
la Revista Bianca
, en s’appuyant sur L’Homme et
la Terre
d’Élisée Reclus qui avait écrit qu’un prince limousin devenu
roi de Valence y avait imposé sa langue.
Quelle
est la place du dialecte limousin dans la langue d’oc et sur quel
territoire est-il parlé ? Parmi les quatre principaux dialectes de
notre langue, le limousin se classe dans le Nord occitan (Averno-Limousin).
Ce groupe se distingue de l’occitan proprement dit, du catalan et du
gascon par certaines formes particulières, par exemple : chantar
au lieu de cantar, préjar au lieu de
prégar [sic]. Le limousin se
subdivise lui-même en quatre sous-dialectes : le bas-limousin, le
haut-limousin, le marchois, le périgourdin.
Le
réveil littéraire a commencé au milieu du XIXe siècle. Un nouveau
troubadour, nommé Joseph Roux, composa
la Chansou
lémosina ; cette œuvre
a eu la même influence que Miréio
en Provence. L’entrée du limousin dans le Félibrige date de 1892.
Le
haut-limousin a donné de bons patoisants, chansonniers, conteurs de
« niorlas ».
Chaque année, au 1er mai, nous, syndicalistes, nous
organisions au cirque en bois place Jourdan une manifestation en
souvenir des martyrs de Chicago. Des chansonniers prêtaient leur
concours, entre autres un nommé Mazabraud, auteur de Lo
Bruanço petite rivière qui se jette dans la Vienne.
Bien
d’autres poètes chantaient « Le plus beau pays de la terre ».
« Lous
prasly son couverts de bravas flours,
« L’aseuly
chanto so romanço », etc.
Quelques
petites revues hebdomadaires et mensuelles paraissaient en langue
limousine, entre autres Lou Galetou, et en 1959-60 un nommé Dexet faisait paraître une
belle revue intitulée Panajo
[sic]. Dommage que ce camarade n’ait pas continué, j’en possède
encore quelques numéros bien rédigés en notre langue.
[…]
La
République
catalane
[…]
Réublique à Madrid, République à Barcelone. Le premier président de
la République
catalane fut un nommé Maciás, célèbre par ses démêlés avec la
police espagnole et par son complot manqué avec un Garibaldi. Il va
accueillir les félibres du Midi de
la France
en leur disant : « Nosotros
de la llengua llémousina ». Il se dépêchera de mourir. Le
second président, nommé Companys, qui avait été un des avocats de
la C.N.T. catalane, centrale anarcho-syndicaliste, vivra les
événements de
1936-39, il sera arrêté pendant la guerre de 1939-45 par les nazis qui
le fusilleront à la grande joie de la réaction et de la curaille ibérique.
Une revanche de Madrid la fasciste contre Barcelone de langue d’oc, la
libertaire, la syndicaliste révolutionnaire, la rebelle,
l’anarchiste. Certain plumitifs ont écrit que l’Espagne franquiste
respecte la culture catalane, cousine germaine de notre occitane, on
parle de poésies, de chansons catalanes, rien n’est plus faux :
des amis en vacances à Madrid et parlant le catalan furent rappelés à
l’ordre par des policiers, leur disant de parler le castillan. […]
Les
occitanistes et le centralisme parisien
Les
Méridionaux ont toujours voté à gauche. Ils se sont toujours élevés
contre les impérialismes politiques ou religieux, car Paris nous a
toujours considéré comme des Français de seconde zone, aussi ne nous
étonnons pas si de ce renouveau de la culture d’oc s’élèvent une
amertume, des revendications parfois violentes accompagnées de
sabotages et de barrages.
De
nouveaux troubadours, la guitare à la main, sillonnent les routes du
Midi, chantent dans une langue que les « frenchmen » ne
comprennent pas, disant la colère des oubliés, le souvenir des massacrés,
dans une langue que les gouvernants croyaient oubliée par les jeunes
après le passage à l’école et au service militaire, et les chansons
les plus demandées sont celles accusant le roi de France dit Saint
Louis, sa mère Blanche de Castille et le pape d’avoir tué notre
pays. Vous connaissez l’histoire de la croisade des Albigeois, les
barbares du Nord au service des capétiens, de l’impérialisme de
Paris.
Les
touristes sont sans doute très étonnés de voir sur les murs, dans une
langue qu’ils ne comprennent pas : « Occitania libre »
[sic], « Païsan occitan lucha o creba ».
Un
jeune troubadour qui a traduit son nom en langue occitane, Joan Pau Verdier, s’est fait le héraut d’une cause qui a de plus en plus
d’adeptes, celle de la langue d’oc, qu’il parlait avec son grand-père,
et de l’Occitanie. En juin 1974, ils étaient 6 à 8000 sur le pré
des « Cramés » à Montségur (« Dieu est mort à
Montségur ») à commémorer le massacre des cathares. Espoir,
6 juillet 1975.

lettre autographe de Martial
Desmoulin, datée du 26 juillet 1914 (collection Alain Magdelaine)
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